Est-ce que la psychothérapie pourrait vous aider pour surmonter le traumatisme psychologique causé par un acte criminel? Les recherches démontrent qu’un événement traumatique dans un contexte de mort, de menaces de mort, de blessures graves ou d’agression sexuelle peut causer un état de stress post-traumatique (ESPT). Dans certains cas, ce stress peut devenir un trouble. Il devient alors impératif de le traiter avant que les symptômes ne se développent au point de devenir incapacitant.
L’aide prévue par la Loi
Dans ce contexte, une prise en charge psychologique rapide augmente les chances de rétablissement à long terme. Il existe un programme d’indemnisation pour les victimes d’acte criminel (IVAC). Les professionnels de la santé pourront vous conseiller, vous référer et vous guider dans les démarches administratives pour obtenir cette aide, comme le remboursement des frais de psychothérapie.
Si le crime implique un caractère violent telle qu’une une agression physique ou un harcèlement sexuel, que ce soit en milieu de travail ou scolaire, un traitement psychologique pourra prévenir les répercussions au plan psychologique. En fait, même les témoins et les proches des victimes d’actes criminels violents pourront bénéficier d’un suivi psychothérapeutique spécialisé.
Tout au long de ce processus, le client ne doit pas s’oublier, parce qu’il est le « baromètre » de sa relation avec le thérapeute. S’il sent que la confiance ne s’installe pas naturellement, il pourra décider de continuer ou non. Par exemple, il arrive souvent qu’une victime de harcèlement ou de violence à caractère sexuel préfère se confier à un psychologue du même sexe. Tout au long du processus, le client doit respecter son cheminement personnel. Le cas échéant, si le ou la client(e) le désire, le ou la psychologue pourra accompagner son client dans une transition vers un nouveau thérapeute.
La démarche de la psychothérapie spécialisée
On retrouve généralement trois étapes dans le processus d’aide pour les personnes éprouvées par des actes criminels violents : l’évaluation diagnostique, le traitement et le bilan.
Dans un premier temps, le psychologue sera à l’écoute et utilisera ses compétences d’analyste et ses habiletés de communicateur afin d’installer un climat de confiance et d’alliance. Peu à peu, après quelques séances, la relation d’aide s’installera progressivement et la personne acceptera sa prise en charge; elle acceptera de lâcher prise et de se confier. À ce moment crucial, le psychologue expérimenté saura comment doser et comment calibrer son intervention afin de ne pas déclencher un épisode de reviviscence ou évoquer une récidive de chaînes de souvenirs liés aux sentiments d’humiliation, de souffrance et d’injustice.
Ce n’est qu’après avoir bien observé, écouté et analyser les faits, le vécu psychologique, les symptômes, que le psychologue pourra conclure à un diagnostic. Sur la base de la présence de certains symptômes envahissants, comme les souvenirs répétitifs, les cauchemars, les réactions dissociatives s’accompagnant d’une réaction intense de détresse, le psychologue pourra diagnostiquer un trouble stress post traumatique.
En deuxième étape, il y aura planification d’un traitement qui consistera généralement à redonner au client ses compétences en termes de régulation des affects. Le client devra retrouver sa capacité à se calmer, à se détendre, ainsi qu’à diminuer son activation. Par la suite, il apprendra à s’exposer graduellement et progressivement à ses peurs, dans l’objectif de renoncer à cet insidieux mécanisme de défense qu’est l’évitement.
Après tout ce travail, on peut s’attendre à ce que le progrès soit au rendez-vous, et à l’heure du bilan, la personne ne pourra que se réjouir des progrès accomplis. À cette étape, le professionnel de la consultation saura redéfinir les attentes en les recadrant, reformuler les objectifs secondaires et établir une reconstruction psychologique conduisant au fonctionnement normal du quotidien.
La reconstruction psychologique
Dans les cas de traumatismes graves, les victimes peuvent se trouver dévastées sur le plan psychologique. Le sentiment d’impuissance ressenti peut alors facilement mener à la dépression. Un psychologue d’expérience pourra interpréter cette gamme de réactions affectives ressenties : son répertoire d’intervention cognitivo-béhavioral pourra aider la victime à recadrer sa posture, pour passer graduellement d’un mode exploratoire, vers un mode « solution », où il prendra les bonnes solutions en accords avec une reconstruction positive de sa « psyche ».
Le travail thérapeutique amènera la personne vers un équilibre et une acceptation, permettant de « cicatriser » les blessures psychologiques et renforcer les mécanismes de défenses, pour mieux régénérer les capacités d’adaptation. À travers une prise de conscience de sa posture défensive, la victime portera un nouvel éclairage sur sa souffrance et sur la dynamique de ses processus d’attribution. C’est donc également un processus de changement qui permet à la personne de passer au mode « solution ».
Cet article est rédigé en collaboration avec Dr. Rémi Côté, Ph.D., psychologue