Vous venez d’acheter une maison, un immeuble ou un autre bien. Cependant, après l’achat, vous découvrez un défaut grave qui empêche une utilisation normale du bien.
Selon l’article 1726 du Code civil du Québec, le vendeur doit garantir à l’acheteur que le bien vendu ne présente pas de vices cachés qui nuisent à son usage. Si vous êtes dans cette situation, vous pourriez avoir droit à une compensation, allant d’un remboursement total ou partiel du bien, à la prise en charge des réparations.
S’assurer d’être en présence d’un vice caché
En premier lieu, il est primordial de s’assurer qu’il est bien question d’une situation de vice caché. Quatre critères sont mis de l’avant par la jurisprudence afin de pouvoir effectuer un recours en vice caché.
Gravité du risque
Tout d’abord, le vice doit être considéré comme grave. La gravité du risque doit rendre le bien acheté inutilisable et réduire de manière significative son utilité.
Il est important de noter que les tribunaux ne qualifient pas comme des vices cachés selon la garantie légale du vendeur les détériorations, les déficiences ainsi que les vices attribuables au vieillissement normal.
Par exemple, comme le montre le jugement Lévesque c. Bélanger, l’achat d’une maison avec une fournaise ayant au moins 21 ans ne pourrait pas constituer un vice caché. En effet, l’acheteur devait s’attendre à débourser pour une nouvelle fournaise, considérant que la durée de vie moyenne de celle-ci est de 25 ans.
Existence du vice au moment de la vente
Le vice doit exister au moment de la vente. Si le problème survient après l’achat, il ne sera pas considéré comme un vice caché.
Le vice doit être caché
Le vice doit être considéré comme étant caché et pas comme étant apparent. Ce critère est évalué en fonction de la situation et des circonstances. Ainsi, lors de l’achat, vous devez avoir fait preuve de prudence afin de vous assurer que le bien ne possède pas de défauts.
Si vous suspectez un vice caché sur le bien que vous souhaitez acheter, il est important de faire appel à un expert avant de procéder à l’achat pour vérifier s’il existe réellement un vice. Si vous ne consultez pas un inspecteur malgré vos doutes, le problème pourrait être considéré comme un défaut visible, ce qui réduirait vos chances de réussir à obtenir un remboursement ou une réparation pour vice caché.
Dans le cas où vous avez eu des doutes sur un vice et que vous avez fait appel à un expert, si ce dernier n’a rien remarqué d’anormal dans son inspection, mais qu’un vice était bien présent, la faute de l’inspecteur ne vous désavantagera pas.
Par exemple, comme le montre l’affaire St-Louis c. Morin, si vous achetez une maison avec de la moisissure, et que vous appelez un expert en raison de doute quant à la présence de ce vice, si ce dernier ne constate rien puisque la moisissure était camouflée par deux trappes d’accès, la faute ne serait pas la vôtre, puisque vous avez agi de manière prudente et diligente en faisant appel à un expert.
Le vice doit être inconnu
Vous ne devez pas avoir eu connaissance du vice au moment de l’achat ni l’avoir signalé au vendeur. En pratique, c’est au vendeur de prouver que vous connaissiez le vice au moment de l’achat. Pour être reconnu comme un vice caché, le vice doit être inconnu de l’acheteur et du vendeur.
Procédure pour un recours en vice caché
Dénonciation du vice au vendeur
Dès que vous découvrez que votre bien possède un vice, vous devez le dénoncer par écrit au vendeur du bien. Cet avis de dénonciation doit expliquer la nature du vice et ce que vous réclamez. La dénonciation doit se faire dans un délai raisonnable, comme prévu à l’article 1739 du Code civil du Québec.
Ce délai commence à partir du moment où vous suspectez la gravité et l’étendue du vice. Cependant, si le vendeur avait connaissance du vice ou aurait dû en être informé, il ne pourra pas se défendre en invoquant le dépassement du délai raisonnable pour la dénonciation.
Lorsque vous envoyez l’avis de dénonciation, il est important de ne pas commencer les travaux de réparation, sauf en cas d’urgence. Vous devez permettre au vendeur d’examiner le bien et le vice pour vérifier son état. Cela est aussi valable lors de travaux de rénovation par exemple; vous devez cesser tout travail lors de la découverte du vice.
Tenter un règlement à l’amiable
Après l’envoi de l’avis de dénonciation, vous pouvez essayer de régler le problème à l’amiable avec le vendeur; c’est-à-dire en ayant recours à des modes de prévention et de règlement de différends comme la médiation, l’arbitrage et la négociation. Vous pourrez discuter de la compensation pour les coûts des travaux de réparation.
Engager une action en justice si nécessaire
Si les tentatives de modes de prévention et de règlement de différends s’avèrent inefficaces, il est toujours possible de se retourner vers les tribunaux judiciaires. Vous devez alors déposer une demande introductive d’instance devant le tribunal compétent. Cette demande devra être notifiée à l’autre partie, comprenant les faits que vous alléguez ainsi que ce que vous réclamer pour la réparation des dommages causés.
Si vous êtes victime de vices cachés, n’hésitez pas à contacter notre équipe d’avocats spécialisés en vices cachés pour une analyse rigoureuse de votre situation et une prise en charge rapide, efficace et humaine de votre dossier.


